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Mais les passions s'estompent, et ma ferveur avec. Mon inspiration m'abandonne, Je continue pourtant à rêver, Sans plus réussir à vous en parler.

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15 avril 2009

"Lettre au President", NC.


"Monsieur le président, je me présente, mon nom est Abdoulaye Bakayoko.

Je suis un jeune ivoirien de 15 ans, originaire du Nord de la Côte d'ivoire, d'un village dont le nom ne vous dira certainement rien.


Si je vous écris, c'est pour vous demander de bien vouloir ouvrir vos frontières, et laisser le passage à des jeunes comme moi, Monsieur le Président.


Ma famille n'a pas les moyens de me laisser poursuivre des études supérieures, mais je me sais assez instruit pour défier une vie pleine d'épreuves. J'ai arrêté l'école en classe de seconde, j'ai donc pu apprendre le nécessaire : je sais calculer, écrire, et bien m'exprimer.

Je dois beaucoup à mon école, mais aussi, à mes livres, Monsieur le Président.
J'ai nourri mon adolescence d'histoires fantastiques, de personnages symboliques et d'amour.


J'ai connu la patience dans les livres, Monsieur. Quand vos journées se limitent à la vente de boissons dans les rues, à une partie de football sur le seul terrain boueux du quartier, on sait s'évader.

On sait trouver cet ailleurs de rêve, et y laisser place à notre imagination.

Mes pères spirituels sont Amadou Kourouma, Aimé Cesaire et tant d'autres.

J'ai comme eux des idéaux, je veux pouvoir défendre mes idées, là où la liberté d'expression m'en donne le droit.

J'ai parcouru votre monde dans mes livres. J'ai connu la France de la Révolution, l'Allemagne nazie. Je perçois l'âme des pays, l'odeur de ses plats et l'intonation de ses langues à travers des mots. J'ai découvert la passion par Dumas, la rébellion par Zola, la poésie par Rimbaud.

La lecture est notre liberté, notre seul échappatoire.

Monsieur le Président, je connais vos ancêtres, les idées qu'ils défendaient, leur vie entière.

Je pourrais vous parler de littérature durant des heures, car elle est désormais maîtresse de mon âme, guide de mes pensées.
Après tout, l'amour du livre ne fut-il pas propriété des nobles ? Je fus donc noble à une certaine époque ! Je suis riche d'ambition ! Pieds nus et sans le sou, mais riche d'ambition !

Vos jeunes ne réalisent pas la chance qu'ils ont de pouvoir s'instruire. Ils ne voient pas qu'ailleurs, c'est une opportunité de survie.
L'Afrique est assoiffée de vos connaissances.
On a tous imaginé un jour rencontrer le Petit Prince, on a tous aimé une Scarlett Ohara. On s'est tant vu en Etienne Lantier. On a eu l'audace de penser trouver le secret du triangle des Bermudes, de l'Atlantitde perdue !

Tout notre savoir n'a pas eu la chance de s'accrocher à des mots, à des pages.

J'aurais aimé vous parler longuement de tout cela, Monsieur.
Mais je ne vous enverrai jamais cette lettre.
Elle n'est que l'ébauche d'un cri, qu'un peuple entier réprime. Elle est le brouillon d'un espoir, mal formulé. C'est pourquoi vous ne la recevrez jamais.
Même si, j'espère qu'un jour, mes phrases attiseront une flamme d'espoir, mais surtout, d'ambition.

Au revoir Monsieur le Président, je vous souhaite toute la prospérité possible, et bien sur, celle de vos écrivains".

1 commentaire:

mahdy.k a dit…

j'aime ! j'adore !
quelle leçon !